• Maryse Jacob est journaliste à la RTBF, pour la Première. Elle s’est spécialisée dans les reportages concernant la République Démocratique du Congo. Pays touché de plein fouet par des guerres ethniques et autres événements dramatiques que le Gouvernement ne parvient à gérer, notamment dans les régions du Kivu. Arrêt donc sur une journaliste dont la volonté d’informer et de témoigner dépasse la peur de certains dangers du métier. Intervenants : Bob Kabamba (Professeur à l’ULG en Relations internationales en Afrique), Maryse Jacob et Bernard Lepla (journaliste à la RTBF).

    http://viane.cedric.free.fr/ecole/MaryseJacob.mp3

    Mathias Pollet

     

    Infatigable Maryse Jacob ! Elle s’est imposée comme une grande journaliste internationale de la radio. Portrait d’une femme amoureuse de son métier

    Maryse Jacob a commencé à l’ULB (l'Université Libre de Bruxelles), en suivant des études en journalisme et communication. Après avoir travaillé quelques temps en tant que freelance, elle s’est lancée directement dans la radio et a travaillé au sein de la VRT (Vlaamse Radio- en Televisieomroep). Quelques années plus tard, elle passe un concours d'entrée à la RTBF et est engagée pour travailler au sein de la cellule internationale pour « La Première », radio de la RTBF.

    Très vite, elle baigne dans les dossiers d’Afrique Centrale, car c’était l’époque de la commission Rwanda. Rapidement, elle tombe amoureuse de cette région du monde, et y retourner, est pour elle un réel plaisir, même si cela n’a jamais été sans risque.

    Une de ses expériences qui l’a plus marquée était en décembre 2004. Toute la région de l’océan indien a été touchée par un tsunami dévastateur. Sur place, elle y a rencontré des personnes qui ont perdues toute leur famille. « Je me trouvais à Banda Aceh, en Indonésie,  juste après le tsunami. Des corps étaient éparpillés le long des routes en attendant qu’on vienne les relever. L’odeur de la mort est constamment présente. Des collègues ont même du jeter leurs vêtements qui étaient imprégnés de cette odeur que je n’oublierai jamais ».  

    De nombreuses fois, elle a été contrainte à prendre des risques. En effet, un jour elle s’est rendue dans un endroit en République démocratique du Congo où la violence faisait rage.     « Les journalistes ne peuvent pas aller dans les endroits où il y a des combats. Moi j’ai réussi à avoir une autorisation pour m’y rendre une fois. Chaque minute j’ai risqué ma vie, et cela je ne le referais plus maintenant. ». Malgré tout, elle garde la tête froide. « Nous savons que nous avons une famille qui nous attend et ne prenons jamais de risques démesurés ».

    Bernard Lepla, un collègue qui l'accompagne régulièrement au Congo, la définit en trois mots.

    Il met en avant sa ténacité. Ensuite, le fait qu'elle ne lâche jamais son objectif de départ et enfin, il pointe du doigt ses qualités d’écoute et son grand courage. « Jamais elle n’arrête de travailler. Elle est sans arrêt en train d’écrire de nouveaux billets, de téléphoner, de chercher de nouveaux sujets,… elle est infatigable ! ».

    Un des reportages les plus poignants réalisé par Maryse était celui des femmes violées à l’Est du Congo. La journaliste a rencontré l’une d'entre elles, qui lui a confié le calvaire qu'elle a vécu. Ces femmes enlevées durant des mois, ont subi les pires atrocités.

    Dans le reportage réalisé à ce sujet, de nombreux silences laissent percevoir la douleur et surtout le traumatisme que ces femmes ont vécu et vivent encore actuellement. La diffusion de ce reportage sur « La Première », a suscité de nombreuses réactions. « Les gens proposaient de l’aide, expliquaient qu’ils étaient indignés et prêts à s’investir en heure de travail. »

    Motivée par ces commentaires encourageants, Maryse a décidé de monter une opération afin d'emmener là bas, tout ce qui pouvait manquer, comme par exemple, shampooing, savon et produits d’hygiène. « Des dizaines de tonnes de produits ont été emmenés là bas… » ajoute Bernard Lepla.

    Le métier de journaliste international est selon Maryse, adapté à la gente féminine. Les femmes ont d’après elle plus de facilité à obtenir certaines informations et surtout sont plus tenaces. Son collègue quant à lui, ajoute: « Femme reporter, c’est un frein et une facilité. Ca peut être un frein car aux yeux de beaucoup de congolais une femme est une proie facile. Les congolais ont l’esprit un peu machistes que ce soient les civils ou les militaires. Elles sont loin d’être faibles car souvent les femmes qui sont sur le terrain se montrent bien plus persévérantes et persuasives que les collègues masculins. Elles y vont au culot, au charme ou tout à la fois et parfois c’est plus simple d’avoir d’une autorisation ou une interview »

    Pour Maryse Jacob c’est moins complexe que cela. Les femmes au Congo sont très respectées car du matin au soir, elles travaillent et ramènent la nourriture. Ce qui les élève au rang de chef de famille.

    Pour conclure, les mots de Bernard Lepla sont adéquats. « A quand le prochain voyage au Congo ». Phrase qui démontre bien que ce métier n’est pas seulement un métier mais aussi une passion partagée avec tous afin de ne pas laisser le monde dans l’inconnu.

    Coralie Rampelberg
     

    Légende (photo de Bernard Lepla) : Pour Bernard Lepla, « Maryse est le courage et la détermination même. »

     

     


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